• La Femme rurale du Mali

    Sociologue rurale, la malienne Fatoumata BA s’intéresse particulièrement à la femme malienne des campagnes. Malgré son rôle dans la société, sa situation reste précaire.

    1. Situation de la femme au Mali

     

    Au Mali, et plus particulièrement, dans la région de Mopti environ 70% des populations vivent en milieu rural et dépendent de l’agriculture, l’élevage, et la pêche. Les femmes représentent 52% de la population totale dont 78% vivent en milieu rural, et assurent plus de 70% de la production alimentaire. Elles participent activement dans l’exploitation mais n’ont aucun contrôle de ressources.

     

    Aussi de par leur analphabétisme, les femmes ne disposent pas souvent de la capacité suffisante de gestion financière, ce qui conduit généralement à l’échec de leurs activités. Confrontées aux réalités de la nature, à l’absence d’épargne rurale avec son corollaire de problèmes de perte des récoltes et à l’analphabétisme, les femmes rurales n’ont souvent pas la capacité financière et les aptitudes intellectuelles nécessaires pour jouer convenablement son rôle de principal responsable des besoins nutritionnels et éducationnels de la famille.

     

    Les activités génératrices de revenus (embouche ovine, maraîchage, petit commerce) dans les conditions requises demeurent les seules issues possibles pour les femmes afin de minimiser les effets néfastes de la nature et trouver des sources de revenu monétaire en un laps de temps.

     

    Malgré leur rôle important au sein de la société, la situation des femmes au Mali (rurale) reste encore précaire. Elles participent activement dans l’exploitation mais n’ont aucun contrôle des bénéfices des ménages, elles sont handicapées par l’analphabétisme (taux de scolarisation des filles au niveau national 14% ; IER, 2002).

     

    Aussi ne disposent pas souvent de la capacité financière et des aptitudes intellectuelles nécessaires pour jouer convenablement leur rôle de responsable d’entretien et d’éducation du ménage.

     

     

    2. Femmes et pouvoir au Mali

     

    Traditionnellement, les femmes ont peu de pouvoir de décision. Mais une évolution se dessine favorisée par la décentralisation rurale et la gouvernance locale au Mali.

     

    Les femmes participent très peu aux débats lors des assemblées villageoises. Leur participation se fait toujours par consultation ou par personne interposée. Ces réalités socio-culturelles pèsent lourdement sur la participation de la femme au processus de développement et lui confèrent un statut social inférieur à celui de l’homme. Dans ce contexte très peu favorable à l’épanouissement de la femme, la condition féminine au Mali, et en milieu rural, devient une préoccupation majeure pour la communauté de développement.

     

    Les femmes au Mali et plus particulièrement les femmes rurales avaient un contrôle limité sur la prise de décisions publiques. Les règles d’exploitation des ressources sont traditionnellement établies par les hommes et ne favorisent pas la participation des femmes aux prises de décision au niveau communautaire et même au sein d’une exploitation donnée.

     

    Cependant, aujourd’hui, le processus de la décentralisation a changé et renforcé les décisions, la gouvernance démocratique implique que les femmes en tant que actrices du développement aient un droit de parole.

    L’affirmation de la citoyenneté au niveau local nécessite une représentation des droits et recours. La mutation du cadre institutionnel au Mali est une occasion de faire place aux femmes.

     

    Cette politique sur la décentralisation rurale et la gouvernance locale au Mali est une approche qui contribuera à combler les attentes des femmes et plus particulièrement les femmes rurales avec lesquelles je travaille en étroite collaboration, de contribuer au renforcement de leurs capacités, à promouvoir l’accès à la communication qui est un outil de développement afin qu’elles puissent participer dans la prise de décision de la gestion de leur commune.

    3. Femmes et accès à la terre

     

    Au Mali, la femme ne peut hériter d’aucune ressource durable ou permanente comme la terre. Cependant, des changements sont intervenus durant ces dernières décennies.

     

    Les règles d’exploitation des ressources sont traditionnellement établies par les hommes et ne favorisent pas la participation des femmes aux prises de décision au niveau communautaire et même au sein d’une exploitation donnée. Ces règles considèrent souvent les femmes comme instables dans le ménage. Elles ne peuvent donc pas hériter de la terre, qui est une ressource permanente. Comme le dit un vieillard de Néné : « On ne peut pas mettre sa fortune sur un cheval sans rêne ». Aussi, les terres aménagées sont systématiquement attribuées aux hommes. En outre, la répartition traditionnelle des activités oriente les femmes vers des tâches domestiques.

     

    Néanmoins, dans certains groupes ethniques (comme les Bambara) les femmes ont constitué depuis longtemps une force de travail majeure dans l’exploitation agricole familiale. Elles ont même accès aux rizières des bas-fonds, difficiles à exploiter et désertés par les hommes.

     

    De plus, des changements sont intervenus durant ces dernières décennies. Ainsi, malgré les règles et les représentations concernant la place de la femme dans la société, les grandes sécheresses ont amené une évolution dans le rapport des femmes à la terre.

     

    Ces changements ont conduit les femmes à poursuivre des stratégies foncières. Elles s’investissent principalement dans les cultures maraîchères et rizicoles en groupement ou individuellement. Leur production couvre une partie plus ou moins importante de la période de soudure.

     

    Malheureusement, l’appui technique et la formation fournis par la plupart des projets profitent essentiellement aux hommes. De plus, les femmes bénéficient peu des crédits ruraux et des équipements individuels. Fort heureusement, des initiatives collectives permettent de contourner ces difficultés.

     

     

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    Fatoumata BA (Mali)


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