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Journée internationale des femmes 2016 : la presse en parle REPLAY - Écoutez la revue de presse d'Adeline François du 8 mars, consacrée à la journée internationale des femmes 2016.
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publié le 08/03/2016 à 10:31PartagerElle s'appelle Nouraisse, elle a 30 ans, elle est Syrienne, voilà deux jours qu'elle n'a pas dormi, elle fait partie de ces rares Syriens qui ont pu passer au compte-gouttes la frontière entre la Grèce et la Macédoine. Elle a ensuite marché pendant des jours jusque vers le Nord avec sous le bras, ces trois enfants âgés de 2 mois, 6 ans et 9 ans. Son mari n'a pas réussi à quitter Alep. Nouraisse a marché jusqu'à la frontière avec la Serbie. Et là, le mur.
Le Parisien-Aujourd'hui en France raconte ce mardi 8 mars le sort de quelques 400 personnes qui se sont retrouvées parquées lundi 7 mars dans la soirée entre deux frontières dont aucune ne veut s'ouvrir. "La Serbie et la Macédoine attendent de savoir ce que vont décider les Européens et les Turcs", des subtilités diplomatiques inaudibles pour ces centaines de réfugiés devenus les otages d'une politique migratoire européenne cacophonique.
Face à eux, les cordons de policiers serbes, derrière eux les cordons de policiers macédoniens. Les voici donc coincés dans ce "no man's land" boueux sous des pluies diluviennes. Des bénévoles impuissants s'activent pour distribuer des capes, des bonnets et monter quelques tentes. Nouraisse porte son bébé qui crie et elle crie, elle aussi, son désespoir au reporter du Parisien. "En fait, ils veulent qu'on meure, mais si c'est ça on aurait mieux fait de mourir tous ensemble en Syrie", dit-elle. Nouraisse se fiche sans doute pas mal de la date du jour, 8 mars, journée internationale des droits des femmes.La journée de la femme célébrée partout dans la presse
"Combats de femme", titre La Dépêche du Midi avec en Une les photos de Simone de Beauvoir, Françoise Giroud, Simone Veil et Inna Shevshenko la fondatrice des Femen. "Ces Alsaciennes qui sont aux manettes" en Une de L'Alsace, "Des Tourangelles sous les projecteurs" en manchette de La Nouvelle République, tandis que Le Berry Républicain met à l'honneur deux pionnières, Georges Sand et Agnès Sorel. La Croix, de son côté, propose un très beau portrait d'une Française à Calcutta, Fabienne Fichet, une éducatrice, qui depuis 17 ans consacre sa vie à des petits Indiens orphelins ou abandonnés en leur fournissant un foyer et une éducation de qualité.
"On aimerait ne pas fêter le 8 mars mais un peu comme une obligation familiale, on se plie à la tradition", explique Libération qui note que sur le front de la parité, l'urgence est pourtant là avec des indicateurs qui stagnent tristement depuis des années. "Il y a toujours autant de femmes à temps partiel, pas une qui dirige une entreprise du CAC 40."
Le Parisien-Aujourd'hui en France met en Une ces femmes qui combattent le sexisme, avec notamment Nathalie, agricultrice en Ille-et-Vilaine et aussi vice-présidente de la Chambre d'agriculture du département. Elle gère son exploitation porcine, tout en luttant contre les clichés. "J'ai beaucoup souffert, dit-elle, du manque de reconnaissance envers ma mère et ma grand-mère qui se tuaient à la ferme mais qu'on ne voyait que par le prisme de leur mari. Être des femmes d'agriculteurs, c'est fini, je veux qu'on lui reconnaisse un rôle primordial".
Le Parisien qui se demande également s'il existe une politique au féminin. "Les femmes font-elles de la politique différemment des hommes ? Leurs projets de sociétés sont-ils spécifiques?" Questions pertinentes alors que dans six mois, l'Amérique sera peut-être dirigée par une femme. Le journal donne la parole à Delphine Batho, députée PS et ex-ministre débarquée, pour elle les femmes sont plus à même de débloquer le jeu institutionnel, car elles sont moins coulées dans les appareils partisans que les hommes. "Non", lui répond Roselyne Bachelot, "reconnaître cette différence serait dangereux, les femmes qui veulent survivre dans ce monde doivent adopter les codes masculins sinon elles sont éjectées".Le 8 mars : un combat également sémantique
Faut-il parler de la journée de "la femme", "des femmes", "des droits des femmes"? Le Figaro.fr explique que cette foire lexicale, on la doit à l'absence de texte fondateur, on ne sait pas bien d'ailleurs quand a commencé la célébration de cette journée. 1910, 1921 ou 1977 avec la résolution de l'Onu ? En France, le communiqué officiel instaure une journée DES femmes à partir du 8 mars 1982. "Parce que la journée de la femme, ça faisait un peu trop fête des mères", explique la spécialiste du féminisme Françoise Picq sur le site Slate.
Bingo du 8 mars
Slate propose par ailleurs comme chaque année, le bingo du 8 mars. Une grille à remplir tout au long de la journée en notant toutes les initiatives de plus ou moins bon goût, par exemple ce monsieur qui va nous tenir la porte - "Profitez-en c'est que pour la journée de la femme", le journal de 13h de Jean-Pierre Pernaut avec ces femmes qui font un métier d'hommes, il y a aussi la case "une mairie organise un atelier reloooking gratuit". Alors ça, ça y est j'ai coché cette case, en apprenant qu'il y avait un atelier avec Cristina Cordula à la mairie du 7ème arrondissement à midi. Oui oui, celui dirigé par Rachida Dati. Il y a aussi la soirée "Festifemmes" ce mardi soir à Marseille, qui sera animée par Jean-Marie Bigard, auteur du délicat sketch sur le lâcher de salopes...
Le 8 mars dans la pub
Le plus discutable en fait, ce sont les publicités. On en a débusqué deux. En dernière page du Monde, un site de e-commerce annonce 19% de rabais pour toutes les femmes aujourd'hui sur son site. "Les femmes gagnent 19% de moins que les hommes, nous leur offrons donc 19% de pouvoir d'achat en plus." Et puis en Une du Parisien-Aujourd'hui en France, une pub pour de la laque qui colore les cheveux. "C'est la journée de la femme, pas celle des racines", dit le slogan. Ça pourrait aussi être le slogan de Nouraisse, cette Syrienne arrachée à son pays et qui témoigne dans ce même journal 12 pages plus loin dans le même journal..
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Commentaires
La journée des femmes, ça devrait être tous les jours de l'année! mais on es loin du compte...Et encore en Europe nous sommes "privilégiées". Pensons aux femmes des pays pauvres!
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Et oui on commémore une journée et on oublie le reste de l'année. L'histoire de Nouraisse n'est hélas pas une exception dans une europe qui refuse de partager avec les plus démunis et qui oublie que lors de la dernière guerre (qui n'a pas été la dernière) tant de réfugiés ont erré sur la route dans les mêmes conditions et ont été heureux de trouver un refuge. Le monde d'aujourd'hui est moche, de plus en plus. L'Etre humain est moche de plus en plus et je plains mes petites filles, leur avenir n'est pas rose.