La cohésion sociale mise à mal. Huit Français sur dix considèrent que celle-ci est défaillante dans le pays et qu'elle est minée par des comportements individualistes, selon une enquête du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc)* publiée lundi. «Le sentiment de vivre dans une société fragmentée, divisée, ne se dément pas depuis trois ans», précise l'étude.
Aux yeux des personnes sondées, l'individualisme apparaît comme le premier obstacle fragilisant la cohésion sociale (32%), devant les discriminations (16%), le chômage (14%) et la pauvreté (11%). Au sujet des discriminations, l'étude révèle que près d'une personne sur deux a été le témoin d'un comportement de ce type au cours des douze derniers mois. Mais c'est malgré tout le chômage qui reste la principale préoccupation des Français: début 2013, une personne sur deux cite ce problème comme l'un des deux sujets qui la soucient le plus.
Sentiment de défaitisme
Le sentiment d'être en butte à des services publics inéquitables et impersonnels joue aussi dans le sentiment de vivre dans une société désunie. Ainsi, une très grande majorité de Français (71%) regrette le manque de personnalisation des services publics et les inégalités de traitement selon les citoyens (67%).
Enfin, la dureté de la crise et sa prolongation dans le temps ont tendance à amplifier un sentiment d'impuissance et de défaitisme. L'importance accordée à la solidarité, à la lutte contre les inégalités, s'amenuise du même coup, révèle le rapport, qui observe une «fatigue de la compassion» à l'égard des plus démunis.
*L'enquête a été réalisée en «face à face», entre le 15 décembre 2012 et le 15 février 2013, auprès d'un échantillon représentatif de 2009 personnes, âgées de 18 ans et plus, sélectionnées selon la méthode des quotas.